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Chapitre 6 : Elections municipales taponnes

CHAPITRE 6 : Elections municipales taponnes

Bading

Afin d’élire l’édile de cette sixième manche, 21 Tapons ont décidé de se mesurer au cours d’une campagne municipale riche en rebondissements.

CHICHON vint avertir son père et lui annonça « Papa, c’est les élections municipales ! ». DOUDOU, accaparé par un sudoku récalcitrant et un peu sourd, comprit « Pouah, assez avec les érections matinales ! ». Confus et désorienté, ne sachant quel sens donner aux propos de son fils, il termina inconnu de cette campagne à la 21ème place.

NINNIN investit toutes ses économies dans cette campagne, ne lésinant sur rien : affiches 4x3 mètres à tous les coins de rue et son numéro de portable collé aux feux rouges. Mais n’obtenant malheureusement que 0.27% des suffrages, il ne put demander le remboursement de ses frais de campagne et termina ruiné à la 20ème place.

THORONG, qui envisageait de se présenter comme le candidat écolo-pacifiste de ces municipales, fut dégoûté par les pratiques de certains. Par droiture intellectuelle, il retira volontairement sa candidature et décida de consacrer ses économies au C4 Trophy. Il remplit le coffre de sa voiture de gommes et de feuilles A4, et partit à la 19ème place pour un périple de 3 ans en Afrique.

MINIDOUM était un novice de la politique. Il se laissa convaincre par BADING qui lui proposa une alliance « win-win » : « Si je suis élu, je te nomme cantonnier ». Mais MINIDOUM était un peu trop naïf et dès qu’il en eut l’occasion, BADING lui planta un couteau dans le dos. MINIDOUM finit trahi à la 18ème place.

GHOSTEAGLE, aussi motivé qu’on est fougueux quand on a 13 ans, se lança joyeusement dans cette aventure municipale. Mais il avait oublié un gros détail : il était beaucoup trop jeune. Il eut beau essayer de se vieillir en empruntant la casquette de BADING, les services de la préfecture ne furent pas dupes et sa candidature fut retoquée pour défaut d’âge légal. GHOSTEAGLE termina délégué de classe en 17ème position.

CHICANOS, avec sa mentalité de gendarme, se dit que tous les moyens étaient bons pour gagner. Le jour du scrutin, il arriva devant l’urne les chevilles extrêmement gonflées. Les assesseurs crurent d’abord que c’était la perspective d’être élu maire qui était responsable de ce soudain gonflement, et se dirent que ce candidat était bien culotté, car rien n’était fait et les sondages ne le créditaient que de 0.52% d’intention de vote. Mais malheureusement pour lui, CHICANOS avait été un peu trop présomptueux et on eut tôt fait de voir un bout de bulletin dépasser de sa chaussette gauche… Le pot aux roses était découvert : CHICA avait rempli ses chaussettes de bulletins à son nom, et espérait profiter d’un moment d’inattention de l’équipe municipale pour bourrer l’urne. Il termina humilié sur la place publique à la 16ème place.

DOLLY, d’abord récalcitrante, finit par se laisser convaincre par KANUSS que se présenter comme tête de liste du Parti de la Licorne, c’était une bonne idée. Elle prit alors ses pinceaux et sa peinture, et barbouilla de bien belles affiches qu’elle alla coller avec de la colle UHU rose sur les arbres de la ville. Ca fit beaucoup rire les habitants et ses adversaires, et DOLLY, bonne 15ème, blessée par toute cette méchanceté, préféra retourner chez elle où elle se consacra à la préparation de pâte à crêpes et au rempotage de plantes.

CHICHON, plein d’espoirs, entreprit lui aussi de monter sa liste. Il fit la tournée des voisins, mais aucun ne voulut le rejoindre, prétextant tour à tour des missions trop prenantes en Azerbaïdjan ou une compétition d’aqua poney acrobatique à préparer. Faisant l’amer constat du désintérêt de ses concitoyens pour la politique, il décida finalement de se consacrer à ses cours du soir de poker et quitta l’aventure à la 14ème place.

CLEI@, encouragée par KANUSS qui était sur la même longueur d’onde au niveau des idées politiques, décida de faire campagne sur le terme porteur de l’égalité homme – femme. Mais c’était oublier la typologie particulière de ce coin reculé du Monde, où les idées avant-gardistes n’étaient pas encore arrivées et étaient attendues d’ici une vingtaine d’années, en même temps que le haut-débit et la 4G. Pupuce, 13ème de cette campagne avec 4,5% des voix, retourna chez elle où elle mit en pratique sa politique en demandant à Poto de graver au-dessus de leur porte d’entrée la devise suivante : « Ici, on partage les tâches ménagères ».

KANUSS, tout jeune papa et mentor de CLEI@, avait lu beaucoup d’ouvrages sur la paternité afin de préparer au mieux l’arrivée de son fils. Il fut tout particulièrement marqué par une philosophie norvégeo-suédoise, qui prônait la place du père à la maison et la pratique de la pêche à la truite en famille. Mais ses idées trop modernes n’eurent pas plus de succès que celles de CLEI@, et il termina en 12ème position, pique-niquant sur les berges de la Seille avec maman Opossum et bébé Esteban.

AYA, dont le sens politique était aussi clair qu’un Ricard triple dans un verre à vodka, se dit que ce serait rigolo et que ça lui promettait de belles soirées apéro. Il entreprit donc de se présenter et se lança dans une opération de porte-à-porte de grande envergure : pas une maison ne devait avoir échappé à son passage, foi de AYA ! Pour les trois premières, ça allait. C’est après que les choses se sont corsées. La soirée avançait, les Ricard s’enchainaient, et le candidat n’y voyait plus grand-chose. Le drame eut lieu route de Brenet. Le regard embué par les vapeurs d’anis, il confondit le fossé avec la route, et termina 11ème, embourbé mais heureux. 

BZZZ, poussé par sa femme, aussi blonde qu’ambitieuse, se lança dans la campagne sans beaucoup de motivation. Il lâcha très rapidement l’affaire, en 10ème position, quand la rumeur l’accusant d’être parent avec un Roumain anarchiste se propagea. Lui et son épouse se retirèrent alors de la vie publique, et se retranchèrent dans leur fief ménetreuillois.

CANESCO, tout serbo-croate qu’il était, décida de tenter sa chance et d’apporter un peu de balkanisme à cette élection très bressane. Malheureusement pour lui, la loi sur le vote des étrangers fut repoussée sine die, et CANESCO, victime d’une dénonciation calomnieuse, fut forcé de retirer sa candidature faute de nationalité française. Il se consola en 9ème position en devenant président de l’Association des serbo-croates expatriés en Bresse du Revermont et s’attèle désormais à l’organisation d’un grand festival à la gloire de son pays, mêlant chants désharmoniques et gastronomie vénéneuse.

DESTROYER, heureux de ces défections en chaîne, se dit qu’il avait toutes ses chances. Estimant qu’un bon candidat est un candidat présent dans les manifestations publiques, il participa à tous les lotos organisés alentour, passant du loto de l’Association du Tricotin, où la mère de BADING le vira manu militari, ne supportant pas qu’on fasse concurrence à son candidat de fils, au loto des chasseurs, où un fâcheux évènement précipita sa chute : VESS, énervé de sa mésaventure au loto du Tricotin, but plus que de raison. Il eut alors la drôle d’idée de crier « Quiiiinne ! » à chaque numéro annoncé, étant complètement perdu dans ses lignes. Ca énerva fortement les organisateurs et les grands-mères stressées du carton, et tous les joueurs se mirent en grève. Ce fâcheux épisode arriva aux oreilles du responsable national du Parti des Sacrifiés (PS, dont VESS défendait les couleurs), qui lui retira son investiture. Ce dernier termina 8ème de cette campagne, torché au cidre et aux gaufres derrière la buvette du loto, sous le regard goguenard de DJO qui venait de gagner son 17ème bon d’achat et sa 5ème rosette (véridique). 

La campagne n’était pas encore terminée, mais les coups bas pleuvaient et les instances préfectorales décidèrent qu’il était temps de remettre un peu d’ordre dans tout ça. Elles envoyèrent un émissaire de paix, CHTIMI, qui avait pour mission de pacifier la campagne. Mais la tâche s’avéra impossible, et devant la mauvaise volonté des candidats il préféra renoncer de peur de représailles. Il rentra chez lui 7ème

Sans empêcheur de tourner en rond, les candidats reprirent leurs joyeuses habitudes. KILLER, plus jeune candidat de cette campagne autorisé à se présenter, mit beaucoup de bonne volonté et promena sa Mégane blanche et son A dans toutes les rues de la ville. Il avait fait installer un haut-parleur sur le toit de sa voiture, et hurlait aux oreilles des passants les grandes lignes de son programme. Les gens crurent qu’il s’agissait de l’annonce de l’arrivée du cirque Pinder, et personne ne tendit l’oreille. KILLER termina avec 10% des voix (des amateurs de clown, à n’en pas douter), à la 6ème position.

ANTIGONE décida à son tour d’entrer en lice. Mais, fidèle à ses principes, elle fit une campagne de bourgeoise, qui s’avéra tellement déconnectée de la réalité que seuls sa famille, par solidarité aristocratique, et AYA, par erreur, la soutinrent. Elle finit en 5ème position, avec 11.3% des voix, dont la moitié avait dû être achetée à des pécores nouveaux riches.

A la recherche de subventions pour développer son entreprise, Colorline (un peu de pub, ça peut pas nuire), 22FABULOUS22 se dit que ça serait une bonne idée de se lancer en politique. S’il était élu, il aurait quartier libre pour dériver une partie du budget communal pour créer une pépinière d’entreprises de porte-clés rue du 1er Mai. Mais ce bavard invétéré éventa tout haut ses plans à une âme mal intentionnée, qui s’empressa de donner l’info au JSL. 22FABULOUS22 termina malgré tout avec 12% des voix, en 4ème page du Journal, rubrique « Tous pourris ».

La compétition faisait rage et la dernière ligne droite se profilait. DJO, sentant la victoire lui échapper suite à la publication d’un sondage le donnant loin derrière les deux concurrents restants, préféra ne pas prendre de risque et décida de tenter sa chance en Espagne, où il coule des jours heureux en tant que maire de Ciudad Fernandez. DOLLY se console de ses déconvenues électorales françaises en étant sa première adjointe, et ils passent leur temps perdu à essayer d’élaborer une recette de paëlla à base de rosette. L’annonce de sa 3ème place aux municipales bressanes, avec 15% des voix, ne lui fit ni chaud ni froid.

Et voilà, après plusieurs semaines d’une campagne intense, nous sommes à deux doigts de connaître le nouveau maire !

Reste encore en lice DJODJO, qui fut d’abord colleur d’affiches pour THORONG puis décida, une fois son ami parti pour l’Afrique, de faire campagne lui-même.

Face à lui, le régional de l’étape, BADING. Le duel s’annonçait fratricide. Il faut dire que face à ce candidat, qui ne recule devant rien pour parvenir à ses fins, la bataille allait être rude. Et en effet, BADING ne recula devant rien : il mit à l’arrêt les machines de l’imprimerie (ce qui ne s’était pas produit depuis 1934) et consacra ses journées à arpenter les arcades, son pigeon sur l’épaule, serrant une main par-ci, tapant des bises par-là, faisant la tournée des troquets et promettant des soirées alambic à tout le monde.

La technique, aussi critiquable soit-elle, fonctionna, et BADING gagna ce second tour avec un score de dictateur guatémaltèque : l’Union pour le Mouvement des Pigeons remporta la mairie avec 95% des suffrages.

Félicitations au nouveau maire ! Il ne lui reste maintenant plus qu’à respecter son programme…

N.B. : afin de fêter sa victoire, le nouveau maire vous convie dans son domaine de Saint-Usuge ce soir (vendredi 21 février 2014), pour un apéro dînatoire. C’est lui qui régale. Un alambic sera mis en service pour l’occasion. Shorts et tongs acceptés. Venez nombreux !

 

Reporter intérimaire : Antigone

Avec l’aimable participation corrective de Nikopol 

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